L'overthinking : un torrent d'émotions et de pensées négatives
"Beaucoup d'entre nous sont parfois submergées d'angoisses, de pensées ou de sentiments qui, échappant à notre contrôle, pompent nos émotions et notre énergie."
Les personnes sujettes à de telles ruminations se mettent alors à traquer chaque indice, à réfléchir durant des heures… Résultat ? L'angoisse ne fait qu'augmenter. Les pensées affluent au gré de leurs humeurs, sans qu'elles ne puissent trouver les réponses.
Les femmes sont plus sujettes à ces formes de ruminations excessives que les hommes. Et elles peuvent le faire sur tout et n'importe quoi, depuis leur apparence ou leur excès de poids jusqu'à leur famille, leur carrière ou encore leur santé. "Echapper à l'overthinking, estime Susan Nolen-Hoeksema, c'est comme tenter de se dégager de sables mouvants. Pour retrouver la liberté, la première démarche consiste à desserrer l'étau des pensées qui vous étouffent."
Cerveau : pourquoi certains tombent plus facilement dans l'overthinking ?
Plusieurs travaux de recherche sur le cerveau expliquent que certaines (ou certains) d'entre nous aient plus tendance à la rumination que d'autres. C'est ainsi que le psychologue américain Richard Davidson a décrypté, via ce qu'il appelle "la neuroscience affective", les multiples façons pour le cerveau de traiter les émotions. Une technologie d'imagerie médicale a ainsi permis de démontrer "que les émotions négatives activaient plus le côté droit d'une partie du cerveau, appelé cortex préfrontal, que le côté gauche". Le cortex préfrontal est la région cérébrale permettant la régulation des émotions, c'est-à-dire les capacités de les filtrer et les contrôler.
S'échapper de ses filets : libérée, délivrée...
Susan Nolen-Hoeksema l'écrit : "Se libérer de l'overthinking n'est pas facile. Cela demande de reprendre confiance en soi, de se détacher de pensées négatives incontrôlables." Une première étape qui s'avère indispensable… Il existe pour cela plusieurs solutions. De nombreuses études menées sur la dépression, notamment, pilotées entre autres par le psychologue américain Peter Lewinsohn, ont prouvé que "pour guérir, il est indispensable de briser le cercle vicieux de l'overthinking et de la passivité".
Plusieurs pistes permettent de s'en libérer : parmi elles, celle de faire une pause. S'accorder une distraction. "A travers une étude, j'ai constaté qu'il suffisait d'un instant de distraction de huit minutes pour retrouver sa bonne humeur et briser le cercle des pensées obsessionnelles", affirme Susan Nolen-Hoeksema. Les moyens sont divers, de la pratique d'une activité physique, notamment celles qui requièrent une attention complète comme le badminton ou l'escalade, à celles d'activités manuelles, ou encore par un investissement dans du bénévolat.
Certaines personnes se réfugient des activités malsaines, telles la boulimie ou l'abus d'alcool. C'est un leurre : "Si manger procure dans l'instant une impression de soulagement, l'effet boomerang est presque instantané. On s'en veut d'avoir cédé aux paquets de gâteaux, on est déprimé par son manque de volonté. Il en va de même pour l'alcool", écrit Susan Nolen-Hoeksema. Qui conseille finalement de traquer le bonheur et de le vivre...
Etre un nouveau commencement
Les instants de plaisir, la recherche du bonheur, permettent de dépasser plus facilement divers chagrins, ou des deuils. La capacité à être heureux a également une incidence sur la qualité de la réflexion. Les émotions positives diminuent les effets négatifs du stress chronique sur notre système physiologique. Une enquête fascinante menée par des psychologues du Kentucky tend à montrer que les instants d'émotions positives prolongeraient même la durée de la vie : ces chercheurs ont en effet démontré, chez des religieuses, que celles qui avaient su vivre des émotions positives avaient vécu en moyenne dix ans de plus !
La pratique de la méditation est courante : près de 40 % des personnes interrogées par Susan Nolen-Hoeksema affirment se tourner vers la prière ou la méditation afin de rompre avec leur désarroi et leur overthinking. "Bien que notre époque ait perdu un certain sens des valeurs chrétiennes, beaucoup croient à une entité supérieure, à un guide suprême", suggère la psychologue américaine.
La méditation concentrative, qui consiste à se concentrer intensément sur l'instant présent, sur une phrase ou une image, ainsi que la méditation clairvoyante, qui préconise de prendre conscience intimement de chaque pensée, image, idée, sensation physique dès qu'elles arrivent, peuvent toutes deux être un bon moyen de décharger son fardeau… On mentionnera, encore, l'écriture, ou le fait de s'accorder de menus plaisirs au quotidien, tels que regarder un film comique, se promener dans un site agréable, ou jouer avec des enfants en bas âge...
En outre, l'aide d'un thérapeute ou celle d'un conseiller conjugal judicieusement choisi, pourra, lorsque cela s'avère nécessaire, permettre de remédier à une situation propice à l'overthinking, tels que, par exemple, des conflits au sein du couple.
Et si, finalement, en suivant le philosophe Maurice Bellet, il nous fallait désormais simplement "inventer un nouveau mode d'être au monde" ? Capables, en toute humilité, "d'être un nouveau commencement" ? Carpe diem ! Profitons de l'instant présent...